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Le perfectionniste feignant

Rien ne va plus

4 Février 2011, 23:03pm

Publié par Johnny Super-Trempe

Cette sensation est insupportable. L'impression de ne plus rien ressentir, de ne plus être capable de quoi que ce soit, de ne plus arriver à créer. Cette envie de Rien. L'ennui est quelque chose de supportable. On supporte l'ennui, du moment qu'il ne dure jamais trop longtemps. Mais l'envie de Rien, le Rien en lui même est inconcevable. On ne peut décrire réellement cet état du Rien car dès qu'on en parle, le Rien est comme le silence, il disparait. Mais il ne disparait pas totalement. Comme le silence, il n'existe jamais réellement, ou du moins, que très partiellement. Rien que de définir le Rien, cela le fait devenir quelque chose. Il n'est plus rien, il existe. Le Rien est comme le néant. Il est vrai que le Rien n'empêche pas de continuer à créer mais quand sa présence se fait ressentir, on n’est plus capable de rien. Je préfère la compagnie de la détresse à celle du Rien. La détresse, bien qu'emmerdante, fait agir, alors que le Rien, lui ne fait rien, il est vide, il est amorphe. Il détruit lentement chaque envie pour que rien ne lui résiste. Pour se débarrasser de cette sensation, parce que le Rien n'est peut être pas grand chose mais il en demeure une sensation, il faut essayer d'agir. Malheureusement, quand on est un perfectionniste feignant, on se décourage facilement. Le Rien détruit tout semblant de créativité. Tout art qui sort de l'homme, alors qu'il est dans l'état du Rien, est forcément mauvais. Il faut qu'il persévère s'il veut que le Rien s'évapore et que la créativité reprenne ses droits. Le début est très mauvais, énerve et fait abdiquer son créateur envers le Rien. Rien ni personne ne peut nous faire sortir de cette oisiveté forcée, il faut créer ses propres armes qui ne serviront qu'à Rien, à l'attaquer. Ces armes seront très moches, pas solides et complètement dénuées de beauté, mais elles sont à l'image du Rien. Un crayon à mine de rien, la possibilité de le combattre car il possède un élément de son ennemi, à l'instar des vaccins, et donc il connait le Rien. Ne jamais abandonner, forcer sa défense, pénétrer le Rien, le vide, le néant, qui s'empare de notre intérieur. Mais ça ne suffit pas, pour battre le Rien, il faut devenir le Rien, ne penser qu'au Rien, faire le vide. L'imitation de son ennemi le perturbe, il pensera qu'il n'a plus sa place ici car il n'y a déjà plus rien. Le vide pousse le vide en dehors du corps.

Certains oisifs se satisferont du Rien, et même, ils vont même jusqu'à payer le Rien pour attendre. Attendre quoi ? Rien, sûrement. Comme un sdf qui dort dans un abribus, il n'attend pas le bus, il est là pour attendre que sa vie passe. L'oisif aime le Rien, c'est son prétexte pour effectuer les tâches de son hôte, ne rien faire. Il a envie de Rien, comme d'autres on envie de fraise. Si cette envie de Rien nous traverse, on sait maintenant quoi faire, la combattre, comme si le Rien était.

 

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M
<br /> C'est vrai que tu n'as pas l'air si vide, pour le coup! En tout cas, j'apprécie ta plume, et je me reconnais dans le profil du perfectionniste feinéant...<br /> <br /> Bien cordialement, et tout.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Hé, hé!! En tout cas, ça te réussit, de n'avoir envie de rien!<br /> ;)<br /> <br /> <br />
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