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Le perfectionniste feignant

Fuir.

26 Février 2012, 19:50pm

Publié par Johnny Super-Trempe

Et je cours, le plus vite possible, pour que tu ne me rattrapes pas. Je cours, j'ai peur et je cours : voici mes deux principales activités en ce moment. Pourquoi n'ai-je daigné à ne jamais vouloir faire de sport ? J'aurais couru plus vite, ou du moins, plus longtemps. Je m'essouffle, ma peur grandit, la sueur vient d'autant plus du fait que je cours qu'elle ne provient de la peur. Je sens mes poumons me dire stop, il n'y a plus assez d'oxygène pour me permettre d'alimenter mes muscles. Qui me pique mon air ?
Mais je trouve la force de continuer à courir. Pourquoi faire ? Pour fuir évidemment. Je n'essaye pas de rattraper quoi que ce soit, hormis peut-être le temps perdu. Mais là n'est pas le sujet. Ma course se ralentit et ma peur s'empare de quasiment tout mon corps. On dit que la peur paralyse, mais là, elle a l'effet inverse. Mon souffle devient trop court, mes poumons n'en peuvent plus, mes jambes n'ont plus de force. J'abandonne, pas par lâcheté, mais par défaut. Je me laisse rattraper, je marche lentement, la main droite sur ma poitrine, la bouche grande ouverte, la langue pendue, dénuée de toute salive. Je la sens arrivé, plus vite que prévu, celle que je fuyais. Moi qui pensais avoir la vie devant moi avant qu'elle ne débarque, j'avais pourtant tellement de projet ou de choses à faire, même si un projet est l'art de prédire ce que l'on ne fera surement pas. Je voulais devenir écrivain, publier des livres, avoir une femme, me marier avec elle une fois que je ne pourrais plus plaire, ou beaucoup moins qu'à mes 20ans, peut-être avoir des enfants, des petits bambins qui courent dans tout les sens, un peu comme moi, sauf que je courais dans un but précis. Je n'ai pas assez couru dans tout les sens, couru pour rien, sans but. Cela m'aurait bien aidé, aujourd'hui.
J'ai toujours cru, durant ma vie, que j'avais peur de la mort. Maintenant que je vais bientôt la côtoyer, je n'ai plus cette peur, mais de la curiosité. Qu'est-ce qu'il y a après ? La grande question éternelle qui restera toujours sans réponse pour les vivants. Somme-nous enfermés pour toujours dans notre corps, à rêver comme quand l'on dort ? Verrons-nous nos proches disparus ? Mais, si oui, nous les verrons dans quel corps, quel emballage corporel ? Celui que l'on a connu, par exemple, à 50ans, ou dans celui qu'ils auront décidé d'avoir ? La vie post-mortem est-elle remplie de gens de 20ans ? Ou alors, est-ce comme avant notre naissance ? Quelque chose dont on ne se souvient pas ? J'en attends tellement de la vie après la mort, si vie il y a, que je serais forcément déçu. C'est comme tout, quand on en attend trop, on est déçu. Un film peut-être bon, si on en a trop attendu de lui, on ne va pas l'apprécier à sa juste valeur.

C'est bon, je n'oppose plus aucune résistance, j'agonise sur le bord, assis, les genoux pliés vers le haut, mes coudes sur mes genoux et ma tête dans mes mains. Est-ce de la sueur ou des larmes qui coulent ? Surement les deux. Je tremble et je t'attends. Fais de moi ce que tu veux mais je t'en supplie, ne me déçois pas.


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